BRIN D'HERBE: Archives

BRIN D'HERBE ET LES CHAMPIGNONS

WEEK END des 8 et 9 novembre 2014 - Sainte Baume

Texte de Marie Christine

Nous sommes en 2014 après Jésus-Christ. Toute l'Europe est envahie par la mondialisation. Toute ?
Non ! Une tribu peuplée d'irréductibles Brins d'Herbe résiste encore et toujours à l'envahisseur.
Quelques Brins d'Herbe...

Hélène, le chef de la tribu, majestueuse, courageuse, respectée par ses Brins d'herbe

Catherine, l'inséparable amie d'Hélène, toujours
prête à tout abandonner pour suivre Hélène dans

une nouvelle aventure

Dominique, la druidesse vénérable de la tribu, cueille les
herbes et prépare la potion magique. Et Dominique a bien
d'autres recettes en réserve...

Jeannine, et sa copine Bernadette, sont les
bardes.

Tout le monde trouve qu'elles sont géniales.

Le début de l'automne dans la petite tribu que nous connaissons bien....
Comme chaque année, la tribu voisine des Basidiomycètes est venue s'installer pour quelques jours chez ses voisins : il y fait si doux que la princesse Chanterelle attend toujours avec impatience ces moments. Elle y séjourne, accompagnée de sa cour, et de ses fidèles chevaliers servants, Lactaire dit le Sanguin, car de nature assez coléreuse, et Lactaire le Délicieux, au caractère beaucoup plus doux. Ses cousines Russule sont également invitées, ainsi que sa grande amie de toujours, Helvelle, et c'est un charmant spectacle de voir arriver tout ces amis, sur leurs montures Petit gris et Pied de Mouton.

Depuis des lustres, cette " transhumance" existe, pour le plus grand bien être de tous.
Mais il arriva, dans la tribu des Basidiomycètes, que des clans se formèrent.
Tout commença avec Gomphide Visqueux : "C'est assez ! toujours les mêmes partent en

RTT

(ReposTransitoire Toxicologue) ! Manifestons !"

La famille Amanite se joignit à lui : "Il a raison, nous devons réagir !" Seules, la cadette Ovoide et la petite dernière, solitaire et rougissante, se taisaient, et trouvaient que quand même, ils exagéraient.
Chez les Bolet, on hésitait : certains d'entre eux n'étaient pas bien considérés, quelques uns même méprisés ; curieusement, les étrangers, qu'ils fussent noirs ou de Bordeaux, étaient mieux acceptés, ce qui pouvait provoquait un malaise certain.

Amadouvier essaya bien de calmer le jeu, mais les manifestations de mécontentement se faisaient de plus en plus nombreuses. Depuis longtemps, Clathre le Traître n'attendait que ce moment pour renverser le pouvoir. Voyant le peuple se soulever, il se dit que son heure était venue, et alla donc à la rencontre des manifestants, les incitant à la révolte. "A bas la Chanterelle ! Changeons de régime !" Phellodon Noir, qui était le second de Clathre, lui souffla qu'il suffisait d'enlever la princesse qui séjournait chez les Brins d'Herbe pour arriver enfin au pouvoir. Le soir venu, ils allèrent, couverts d'une cortine pour ne pas être reconnus, trouver Bolet le Satan, lequel vivait dans un lieu reculé, hors de la vue de quelconque Brin d'Herbe, et lui demandèrent de se charger de la sale besogne. Bolet le Satan était trop heureux de pouvoir enfin se venger, il n'hésita pas une seconde, et demanda à son voisin, l'Hercule Cortinaire, de l'aider. Ils se mirent donc en route, nuitamment, l'un portant son grand chapeau, l'autre traînant ses bracelets aux pieds, cela faisait un drôle d'équipage.

Quand ils arrivèrent au campement des Brins d'Herbe, ceux ci n'ayant reçu aucune information de leurs mouches-espions, il leur fut très facile d'enlever la princesse dans son sommeil. Ils la mirent sur un Coprin Chevelu, et revinrent au galop chez eux.
En d'autres temps, on aurait séparé le chapeau et le pied de Chanterelle, et ç'aurait été la mort de la princesse.

Mais les traîtres avaient appris qu'il était plus judicieux de conserver en vie un otage pour arriver à ses fins.
D'un commun accord, ils décidèrent donc de faire chanter les Brins d'Herbe, et ils savaient que pour cela, il n'y aurait pas de difficultés (cf début du récit, distribution des rôles)
Mais si les voix étaient là, les caisses des Brins d'Herbe, elles, étaient bien vides.
Toute la tribu, les frères Lactaires, les cousines Russule, l'amie Helvelle, et même les ânes Petit Gris se lamentaient : rendez nous notre Chanterelle !
C'est alors qu'un ami de la princesse, un dénommé Sarcodon, dont nous n'avons pas encore parlé, eut une idée. Ce Sarcodon n'était pas très apprécié dans sa tribu, on le trouvait prétentieux, mais il avait une particularité, il savait attirer legs et dons.
Il suggéra que les Basidiomycètes du parti de Chanterelle viennent déposer leur obole dans une escarcelle qui paierait la rançon.
Les Basidio ( pour faire plus court ), comme tout peuple, était assez versatile : après avoir apprécié leur princesse, après avoir compris les manigances arrivistes de Clathre, ils pensaient, dans leur mycélium profond, que finalement, le retour de Chanterelle ne serait pas un mal... Ils vinrent donc, les uns après les autres, trouver Sarcodon, au fin fond de sa campagne nommée "aux contes des passés" (nom dont on ignore l'origine), lui apporter, les uns quelques spores, les autres des lamelles en liasse, quelques aiguilles... Ce qui arriva in fine à une grosse somme. Clathre, voyant que l'affaire ne tournait pas à son profit, se dépêcha d'encaisser la rançon que Sarcodon avait rangée dans un grosse enveloppe, et de partir à l'étranger, ou il tomba en déliquescence .
Chanterelle, libérée, remercia tous ses sujets, et les Brins d'herbe organisèrent, avec l'aide de leur druidesse Dominique, un grand festin, et Lactaires, Chanterelle, Petit Gris et Pieds de Mouton se poilèrent bien.

EPILOGUE
Comme tout conte de fée, celui-ci se conclue bien sûr par un mariage : celui de Chanterelle avec les frères Lactaires, car, chez les Basidio, après le mariage pour tous, la bigamie vient d'être autorisée !

L'auteure remercie pour leur aimable collaboration Marie-Thérèse Ziano,
MM. Uderzo et Goscinny